Contrat doctoral à mobilité internationale : « Une réelle chance »

Rémi Nguyen, doctorant en droit au laboratoire CREDIMI à l’IRASEC de Bangkok (Thaïlande) a obtenu un contrat doctoral important avec le CNRS.

 

Vous avez obtenu un contrat doctoral à mobilité internationale financée par le CNRS. Pouvez-vous nous en parler ?

 

Tout d’abord je tiens à souligner que c’est grâce au professeur Laurence Ravillon (directrice du CREDIMI) que j’ai pu obtenir ce contrat doctoral   de 36 mois qui  a débutéen novembre 2014. C’est elle qui me l’a présenté, qui m’a fait confiance et m’a soutenu. Pour obtenir ce contrat, il     fallait l’accord de la direction du CREDIMI et l’accord de la direction de l’Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporaine(IRASEC) qui  sont tous deux des centres de recherche du CNRS. Il faut savoir qu’il y a seulement 4 contrats doctoraux à mobilité internationale proposés par an, c’est donc pour moi une réelle chance. On ne peut pas obtenir ce contrat si l’on est déjà inscrit en école doctorale et heureusement, je répondais à ce critère. On doit également séjourner 20 mois dans une unité de recherche du CNRS à l’étranger. Par ailleurs, la « carte » du CNRS aide énormément surtout au niveau des formalités administratives que je dois effectuer en Birmanie. Le CNRS m’a permis d’intégrer certains projets académiques comme les principes asiatiques du droit des contrats qui a pour but l’harmonisation du droit des contrats en Asie.

 

Quel est le sujet de votre thèse ?

 

Elle s’intitule « L’harmonisation du droit des contrats en Asie du Sud-Est avec un cas d’étude en Birmanie. » Je suis implanté en Birmanie et j’y étudie le droit birman des contrats. J’essaye de comparer leurs pratiques avec celles d’autres pays et plus particulièrement ceux de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Le cas de la Birmanie est singulier, ce pays ayant connu une période de colonisation par l’empire britannique, le droit se rapproche beaucoup de la « Common law » qui vient de l’empire des Indes. Depuis le coup d’État de 1962, la Birmanie est devenu une sorte de stratocratie dirigée par les militaires. Il n’y a plus forcément de continuité avec la « Common law » et on se retrouve avec un système juridique que certains auteurs qualifient de « mixte » ou « à part », par rapport aux autres systèmes dans le monde. Par ailleurs, un des gros problèmes c’est qu’entre la théorie et la pratique il n’y a rien de vraiment concordant. J’assiste également un avocat birman, ce qui me permet d’avoir une approche concrète et pratique du droit dans ce pays. Grâce à lui j’ai aussi la possibilité de voir l’état des tribunaux en Birmanie.

 

Et quel est son objectif ?

 

A ce jour il n’y a pas vraiment eu de travaux sur le droit birman et plus particulièrement sur le droit birman des contrats, ce qui en fait un sujet novateur. Je suis dans une période de recherches et il est assez difficile de trouver des manuels ou des ouvrages, des articles de revue qui parlent du droit birman. C’est la même chose sur la recherche de la jurisprudence en droit birman. Les facultés de droit n’ont pas forcément eu les capacités de préserver les recueils de jurisprudence et lorsque c’est le cas, les documents sont mal conservés. Le but de cette thèse est avant tout de refaire découvrir au peuple birman son ancien droit et dans le même temps, d’essayer d’en analyser une possible évolution. De plus, un regain d’intérêt du droit birman des contrats est notamment apparu depuis l’ouverture du pays en 2012.